BIENVENUE DANS MON MONDE : L'ULTRA

Courses 2009


Trans 333

TRANS 333

Du 27 nov au 06 décembre 2009

 

Distance : 333 km non-stop au sud du Maroc (SAHARA)

Objectif : 84h (3j ½) dans les 10 premiers

Place : 5ème/40 en 67h22

 

Dring !!! Le réveil sonne. Il est 3h15. Ca y est, c'est le jour J tant attendu depuis 2 ans. La valise est prête depuis hier. J'ai décidé de la préparer dans l'urgence d'une part pour ne pas cogiter trop longtemps à l'avance et d'autre part ne faire qu'avec ce que j'ai sous la main. Laurent m'a apporté hier soir ses lunettes de soleil (et oui, j'ai perdu les miennes) ainsi que mon tee-shirt de course (celui du marathon des sables 2008).

 Isabelle et moi partons chercher mon camarade de jeu Dominique et arrivons à Roissy à 4h30. Je dis au revoir à ma chérie et retrouve Michel, membre de notre team, à l'aéroport. Je remarque déjà quelques concurrents au guichet d'embarcation. Je constate à ce moment que tous mes points de passage GPS ont disparu de ma montre. 2h de travail pour rien tout est à refaire. En fait, j'ai interverti ma  montre GPS  avec celle de Dom lors d'un passage chez lui pour lui expliquer le fonctionnement et suis reparti avec le sien. Je passe donc une bonne partie de mon vol à reprogrammer ma route de 333 km. Ca commence bien !!!

Nous arrivons à MARRAKECH à 8h20 (locale). Il fait beau mais je supporte ma veste. Il faut 1h30 pour passer le poste de douane. Je retrouve mon pote basque Olivier et sa belle Françoise (arrivés la veille) au niveau du bus. Nous sommes partis pour 5h de car climatisé à travers l'Atlas à plus de 2000m d'altitude pour rejoindre OUARZAZATE (ville bien connue du Marathon des Sables) où nous passerons la nuit dans un somptueux hôtel.

 Samedi matin, nous partons tranquillement pour MHAMID (lieu du départ de la course) via un arrêt à ZAGORA pour déjeuner. C'est encore 6 bonnes heures de bus qui sont au programme.

La route s'arrête à MHAMID. C'est un village en plein désert qui ne vit que du tourisme (promenade en 4X4, en dromadaire…). Notre hôtel est superbe. Sa beauté tranche avec le reste. Le chemin d'accès est tout cabossé, il n'y a que des âniers qui passent dans le coin.

                   Nous voilà donc arrivés. Monsieur Alain GESTIN (l'organisateur et j'y reviendrai) nous accueille. Je fais chambre commune avec Dominique avec qui j'ai prévu de faire la course. Nous préparons nos sacs d'allégement. Un sac tous les deux Check-Points (points de contrôle). « Est-ce que je mets mon duvet au CP 3 ou au 4 ? ». Les derniers doutes subsistent. Je m'apercevrai plus tard que rien ne se passe comme on le prévoie mais bon , ça occupe !

Il est 18h. C'est l'heure de 1er show  GESTIN : Alain est un VRAI baroudeur, il a fait Dakar-Paris à pied (7000 km en 6 mois) en autonomie complète. Il connait le désert et avec une organisation sommaire (1 doc et 3 infirmières + 2 responsables logistique) il est capable de monter une course de 333 km voire 600. Il a la course dans la peau et anticipe tout. C'est un personnage haut en couleur et la photo ci-dessus représente bien l'homme. Il m'a beaucoup impressionné, beaucoup plu. J'irais très loin avec un type comme ça.

Le briefing succint a duré tout de même 2 heures. Alain est en impro complète et va d'une anecdote à une autre plus marante l'une que l'autre. C'est un spectacle.

Dimanche matin, petit déjeuner à 8h00. Les docs vérifient notre électrocardiogramme ainsi que notre certificat médical. Le contrôle est simple mais efficace, dans le ton de l'organisation. On sent déjà un bon feeling entre coureurs. On est un petit groupe et cela favorise les rencontres. Patrice FAYOL, le grand vainqueur des dernières 555 et 333 est très simple d'approche, d'une humilité déconcertante et c'est le cas pour la quasi totalité du plateau, pourtant, il y a du « beau monde ».

Gérard : 2ème de la dernière 555, finisher de la dernière Spartathlon ;

Demitrio : Pompier de Paris, dans les 20 au Marathon des Sables, Ironman, championnat du monde de vélo (pompiers), nageur en eaux vives (50 km)…..

Sergio : espagnol qui vient de terminer 2ème d'une course de 200km dans le désert.

Carlos : franco-espagnol avec un cv de courses impressionnant.

Le singapourien, l'anglais, l'américain, l'italien et bien d'autres ne sont pas venus sucrer des fraises….Pour me décontracter, je décide d'aller me ballader dans MHAMID.

Avec Dom, nous achetons des bonbons et des ballons pour les enfants du village. Bien sûr, ce n'est pas assez et ils nous en redemandent toujours plus. Le village doit faire un km de long ; il n'y a pas grand-chose mais les gens ont l'air heureux. La misère n'apparait à aucun moment.

Après des brochettes/frites et une petite sieste, c'est l'heure du 3ème briefing (le 2ème c'était sur le parcours de la course, rien de bien passionnant). Grand moment. Nous allons nous présenter un à un. C'est un moment très intense où certains se livrent complètement. C'est un instant rare et très bouleversant que je garde bien dans ma mémoire. Il n'y a que dans une équipe restrainte comme celle-ci que l'on peut arriver à des moments magiques comme ça.

Une pasta party est au menu du soir. Enfin ! Une mini car les portions sont plus que réduites. Le plat pour huit correspond à ma part habituelle…..Allons vite nous coucher ! Demain c'est le début de l'histoire..

LUNDI. Il est six heures, le départ est dans deux heures. Je mange mon gâteau-sport préparé à Nanterre. C'est un gâteau très calorique qui permet de faire de bonnes réserves pour les premières heures de course. Après quelques photos avant départ, il est temps de partir pour notre périple qui devrait, si tout se passe normalement, se terminer jeudi après-midi.             

     Le départ est donné à 8h15. Dom et moi sommes en tête avec tous les principaux favoris. Au bout de quatre ou cinq km Olivier arrive à ma hauteur pour me demander si le favori, Patrice FAYOL, est stressé de le voir devant. Je lui réponds que oui et que son moral va en prendre un coup……Dans le même temps Alain viens à notre niveau pour nous signaler que nous ne sommes pas sur la bonne route. On se regarde tous et sommes sûrs de nous. Nous avions raison. C'est l'organisateur qui se trompe et non les coureurs. Ca fout les jetons pour la suite….

Il fait chaud, les vingt premiers km sont avalés en 2h30 au lieu des 3h prévues. Ca va donc vite. Nous restons assez groupés les deux premiers CP où seul André BROCHARD part devant. J'imprime un rythme soutenu dans les dunes sans m'en rendre compte. Ca décroche par l'arrière et Gérard lâche prise, souffrant des adducteurs. Il abandonnera pour cette raison. Nous arrivons au CP 3 situé dans un campement avec des toilettes en dur au milieu des dunes et notre tente est superbe avec tables, chaises…grand luxe.

Avec Dom, nous avons prévu de faire quatre ou cinq CP par jour. Les CP 4 et 5 me paraissent longs, il commence à faire nuit. Nous galérons dans les dunes mais arrivons juste avant Thierry CORBARIEU (le futur vainqueur) au 5. J'ai envie de me reposer ici mais Dom, en compétiteur qu'il est, veut continuer. Nous sommes alors 3èmes. Bon, ben, continuons ! Nous apercevons la lampe de Thierry bien sur notre gauche. Dominique pense qu'il n'est pas sur le bon cap. Nous, nous allons tout droit, suivons bêtement la flèche de direction de notre GPS. Quelle erreur ! C'est parti pour dix km de montagnes de pierres noires à grimper, galérer sur le plateau, descendre et recommencer à n'en plus finir. C'est dans ce pierrier que j'attrape des ampoules. Dom se prend une pierre sur le tibia et souffrira jusqu'à l'arrivée de la cheville. Cette partie du parcours fera beaucoup de dégâts. Le moral est au plus bas. Je peste sur tout. Dom pense que ça n'en finira jamais. On sait maintenant que c'est Thierry qui avait la bonne route et c'est à ce moment qu'il gagne la course. Il ne le sait pas encore.

Deuxième erreur consécutive : arrivés au CP 6 (120ème km), nous décidons de dormir 3 heures. Avec le recul, c'était complètement inutile. D'une part, avec l'énervement, l'adrénaline et le bruit au CP, c'est très dur de s'endormir même à 2h du mat. Il vaut mieux attendre que ce soit ton corps qui décide quand il veut se reposer. D'autre part, le corps se refroidit et les courbatures arrivent. C'est très difficile de repartir. La bonne solution (celle de Thierry et Patrice) c'est de se reposer dix minutes là où tu te trouves quand ton corps te le demande, à l'ombre d'un buisson. Le corps reste chaud et le cycle de sommeil de dix minutes est aussi réparateur qu'une heure. Le manque d'expérience à frappé sur ce coup là !!!

  Nous nous réveillons au petit jour, nous sommes mardi. Pour aller du CP 6 eu CP 7 Alain a balisé 12 km sur les 20 du parcours. Le problème c'est que nous ne partons pas tout à fait dans la bonne direction. La personne chargée de nous la montrer dort. Nous partons donc avec les points enregistrés dans notre GPS. On ne verra à aucun moment le moindre marquage. Nous suivons en « main courante » une montagne style far-west. La journée est belle, il n'y a pas de vent contrairement à toute la première journée.

Dom a un peu plus de mal à se remettre en train mais il suit sans rien dire souffrant de sa cheville. Nous arrivons au CP 7 et y retrouvons Demitrio et Patrice qui nous avaient doublés pendant notre somme et à qui nous venons de reprendre au moins 1h30. Notre option (involontaire) de couper fût la bonne. Thierry en tête, André quelques heures derrière, Patrick RENAULT troisième, Patrice et Demitrio juste devant nous.

Ce n'est pas trop mal au niveau du classement surtout que nous sommes les seuls à s'être arrêtés pour dormir. Où serions-nous sans ça ?

Nous repartons avec Patrice et Demitrio du CP 8. Nous marchons d'un bon pas. Je suis filmé et interviewé au côté de Patrice qui d'ailleurs lui aussi n'arrête pas de nous prendre en photo. C'est le monde à l'envers. C'est à moi de le prendre en photo. C'est lui la star ! A 10 km du CP 9, Florence GAY (qui a à son palmarès 208 km sur son premier 24h), un petit bout de femme, nous double car elle ne marche quasiment jamais, elle trottine tout le temps. C'est impressionnant. Nous passons une voiture des Docs avec à l'intérieur Patrick qui se fait soigner depuis plus d'une heure 25 ampoules. Il finira avec beaucoup de courage en 11ème position. Patrice réalisant qu'une place sur le podium est plus qu'accessible prévient Demitrio qu'il va un peu accélérer jusqu'au CP 9 pour se faire soigner les pieds puis, si ça va, attaquer pour le podium. On est tous ok pour le laisser partir et Dom décide à ce moment là de le suivre. Ils partent à grande vitesse et disparaissent rapidement laissant sur place Florence. Le jour se couche très vite. Je suis aux côtés de Demitrio. J'ai froid, pas lui. C'est pas bon signe. Je mets mon bonnet, mes gants et je grelotte toujours. Je suis en train de faire une hypothermie et il reste encore 7 km jusqu'au CP. Ca n'avance pas. Plus je regarde mon GPS moins ça avance. Je fais du 5 km/h. Les mauvaises idées arrivent. Comment expliquer mon abandon à Isabelle avec tous les sacrifices qu'elle a fait pour cette aventure ? Comment expliquer à tous cette désillusion après celle des « France de 24h » ? Il faut assumer c'est tout. Et ce n'est pas Demitrio qui va me remonter le moral car lui aussi veut abandonner. Il a mal aux jambes et n'a plus de motivation. Pour lui c'est clair, au CP il abandonne. Je décide d'abord de voir ce qui se passe et je prendrai ma décision à l'issue. Je lui demande de faire pareil mais arrivé au CP, il jette l'éponge.

Je retrouve Dom, Patrice et Flo. Je n'en peux plus. Je frissonne de tout mon être. Je m'allonge, m'entoure d'une couverture et attend Isabelle (l'infirmière). Elle me frotte partout pour me réchauffer puis « m'empapillote » dans deux couvertures. J'ai mon bonnet et mes gants, je tremble de partout.Je me réchauffe petit à petit, je m'endors puis suis réveillé une première fois par la sueur, puis me rendors.

Il est 22h30 quand une voix me réveille. Cela fait quatre heures que je suis arrêté. Dom est évidemment reparti avec Patrice lui ayant dit que j'allais certainement abandonner. J'ai mal partout. J'arrête mon chrono. C'est la fin pour moi. Isabelle s'est endormie à côté de moi. A qui vais-je dire que j'abandonne ? Qu'est-ce que je vais faire de plus ou de moins à ce CP ? Rien ! Je n'ai plus sommeil ! Alors, machinalement, mécaniquement, je remets mon sac sur le dos. Isabelle se réveille et me demande comment je vais. Bien ! Merci. Merci de m'avoir remis sur pied et à plus tard.

Je suis reparti. C'est un miracle. Mon corps a été plus fort que ma tête. Ce n'est pas banal. Quelque chose ou quelqu'un a remis mon sac sur le dos. Je ne l'explique pas….Bien lui en a pris car ce qui va suivre est tout simplement génial. Je vais passer la plus belle nuit de ma vie, seul dans le désert. La pleine lune éclaire mon chemin. Je n'allume même pas ma lampe tellement je suis en harmonie avec la nature. Tout me parait simple, la trace est évidente. C'est à ce moment que je prends LA décision de MA VIE : Terminé, je ne râlerai plus. Je n'aurai que des idées et des images positives. Le reste ne sert à rien.

Je rattrape et dépasse (grâce à un meilleur itinéraire) les deux espagnols partis au moins 1h30 avant moi du CP9. Quand ils arrivent au CP10 (220ème km), j'en repars et je ne les reverrai plus qu'à l'arrivée 10h après moi. La nuit est fraiche : 2°C. Mais je suis bien.

Le 3ème jour se lève, je ne suis pas loin du CP11. Je vois une lampe depuis un moment, je pense que ce sont les espagnols mais non. Des visions peut-être. Au CP11, j'ai plus d'1h30 de retard sur Flo et vais aussi vite que la tête de course. Pour aller au CP 12 un champ de dunes immense se dresse devant moi. Je ne me vois pas faire les montagnes russes. Je remarque au loin sur la droite une ligne d'arbres les longeant. Je me dis que s'il y a des arbres il n'y a pas de dune et qu'avec un peu de chance il y aura une piste.

Je prends cette option, mon GPS me « crie » de prendre les dunes. Arrivé à l'entrée de mon soit disant passage, je vois une famille de nomade (père, mère et 3 enfants) au milieu de nulle part, deux tentes berbères pour tout logis. C'est très impressionnant. De quoi vivent-ils ? Que font-ils ? Ils n'ont rien et pourtant ils sont là ! Pourquoi je me plaindrais ? Je suis là parce que je l'ai voulu. Personne ne m'a forcé. Eux, ont-ils le choix ? Je demande (par gestes) au nomade s'il y a une piste pour voiture, il m'en montre une juste derrière. C'est gagné, j'ai fait le bon choix. Je ne prends quasi aucune dune sur cette portion et arrive avant Flo au CP12. Elle me demande d'où je viens et quand je lui explique, elle prend un coup au moral car elle a « mangé du sable ». Mais elle a un gros mental. Elle repart devant moi en petites foulées alors que je marche tranquille.                       

Et c'est reparti pour de la grosse dune. Je vois Flo au loin foncer tout droit dans le sable. Je veux absolument l'éviter au maximum mais là je ne vois pas de possibilité. Je me décale vers la droite et trouve tant bien que mal un chemin. Le temps me parait long. J'essaie depuis quelques heures de deviner ce que font Juliette et Boris. « Tiens ! Là, ils sont à l'entraînement. Là, c'est l'heure de la douche….Bonne nuit les doudous…» J'entends un bruit de moteur. Qu'est-ce que c'est ? Un Berbère sur sa mobylette qui se promène. Il vient vers moi et me propose de l'eau. Je lui demande s'il a vu des coureurs, négatif, personne. La direction de MHAMID c'est par là mais il y a beaucoup de dunes. Il connait bien le coin. Effectivement, je me retrouve dans de grosses dunes où je dois enfoncer mes poings dans le sable pour gravir certaines d'entre elles.

Mais il y a aussi un champ de plantes vertes entre deux champs de dunes. La nature est bizarre. Je sors des dunes bien fatigué mais mes idées positives couvrent tous mes maux. Au loin, sur une piste caillouteuse je crois voir un coureur, c'est en fait un nomade entouré de tous ses dromadaires. Plus loin, je découvre leur camp. Quatre berbères sont en train de monter les tentes et me proposent  de boire le thé. Je ne m'arrête pas et continue mon chemin. Tous les dromadaires ont des cordes à leurs pattes avant pour éviter qu'ils ne fassent de trop grand pas et s'enfuient. Je remarque une bête seule sur mon chemin et décide de courir vers elle afin de lui faire peur et la faire tomber toute entravée qu'elle est. Mais le « chameau » ne bronche pas et c'est moi qui change de trajectoire de peur qu'il ne me fonce dessus. Pour le coup, il m'a eu l'animal !

J'arrive tant bien que mal au CP13 où je retrouve Alex et Isa (les 2 docs) et André qui s'est perdu dans les dunes et s'est donc fait doubler par Dom et Patrice. Il n'est pas bien. Je décide de dormir 10 mn. Alex me réveillera.

Une fois encore, c'est moi qui décide de dormir et non mon corps alors je n'y arrive pas. André est perdu, il ne sait plus par où aller. Je repars donc avec lui. Nous sommes 4ème. Ce partiel va être long jusqu'au CP14. Très monotone. La fatigue arrive, mais je chante, je me parle. Il commence à faire nuit et j'ai froid. J'ai peur de refaire une hypothermie. Je décide de me couvrir et demande à André de me raconter sa vie pour trouver le temps moins long. Ca marche. Je me réchauffe. On parle de tout et de rien. Ca me fait drôle de me retrouver avec quelqu'un. J'étais tellement bien seul…Mais seul sur cette portion doit être difficile. André veut dormir 1 h au CP 14 et me demande ce que je vais faire. Je me vois mal lui dire : « je continue » et lui piquer la 4ème place alors que j'ai envie d'en finir et n'ai nulle envie de m'arrêter. Je stoppe donc 1h et trouve d'ailleurs le sommeil. Au moment de reprendre, j'ai mal partout. On dirait un petit vieux tout vouté marchant cm par cm. Je dis à André que je pars devant histoire de me réchauffer et qu'il va vite me rattraper vu la vitesse de mon déplacement. Mais rien, pas de lumière, personne. Ce n'est pas grave, je l'attendrais au PI27 (point de passage OBLIGATOIRE). Interdit de couper du CP14 au CP 15 directement.     

             

Pour arriver au PI27, 6 km de dunes au programme et en pleine nuit, impossible de choisir sa route. C'est épuisant mais restons positif, je vais bien en finir un moment donné. Effectivement, je trouve ce fameux point mais il n'y a personne pour contrôler mon passage… J'attends 15 mn André afin qu'il ne pense pas que je veuille lui prendre sa place et que l'on finisse ensemble, mais personne ne vient et je commence à me refroidir. Je continue donc ma route sur une piste connue puisque nous avons pris ce chemin dans le sens inverse deux jours auparavant. Je ne sais pas où se trouve Flo et j'ai peur qu'elle ne me rattrape sur une portion aussi roulante (je ne saurai qu'à l'arrivée qu'elle a fait aussi une hypothermie au CP13 et ne voulant pas s'arrêter, elle est parti avec une couverture de 2 kg sur le dos. Elle a dû se coucher au milieu de nulle part pendant 4h avec la crainte de se faire attaquer par une bête ou des nomades….).

Pour éviter son retour, je commence à alterner la marche et la course. Il y a des endroits mous qui fatiguent pas mal mais j'arrive à la volonté et grâce à mes idées positives  au CP15 (le dernier). J'inscris mon temps de passage sur le listing comme à chaque CP, ce qui nous permet de connaitre les écarts avec ceux de devant et là ! Stupéfaction ! André est passé depuis 2h. C'est clair ! il a triché et n'est pas passé au PI27. Mais ce n'est pas grave. S'il est content de sa quatrième place dans ces conditions tant mieux pour lui. Je me contente de la 5ème. 

Je recharge juste mon bidon d'eau pour les 9 km restants. Mon sac ne contient que le matériel obligatoire tout le reste est au CP14. Je me suis allégé un maximum. La première partie est assez simple, des cailloux, le terrain est dur. J'avance d'autant plus que je suis toujours persuadé que Flo n'est pas loin. Je vois des lampes juste derrière moi. Alors j'accélère et oublie un peu de m'orienter car je vois les lumières de MHAMID et ne prends pas les bonnes options. Je me retrouve dans un champ de dunes et c'est reparti pour les montagnes russes alors qu'il me reste 5 km à parcourir depuis au moins 1/2h. Ca n'en fini pas et encore une puis une autre. Je vais y arriver. Quoiqu'il se passe,  j'ai décidé depuis bien longtemps de finir le dernier km en courant et je m'y tiendrai. Et il arrive enfin ce dernier km représenté par une meute de chiens à l'entrée du village désert aboyant à s'en casser la voix. Je le savoure ce dernier km. Il est 3h du mat. 67h22mn d'efforts, je passe la ligne (bon, il n'y a pas de ligne) et réveille Alain couché à même le sol dans le hall de l'hôtel. Il me félicite et me donne ma veste de finisher. Je le renvoie dans les bras de Morphée. Je rejoins Dom dans la chambre, on se félicite. Prendre la douche est tout un spectacle tellement je suis à bout de force. La pression retombe et la terre est basse….Je me couche, il est 4h. Je me réveillerai naturellement à 7h avec quelques courbatures et une faim de loup. Dom et moi retrouvons les autres arrivés. Toujours personne de rentré après moi. André tout sourire me confirme qu'il n'est pas allé au PI27 considérant qu'il en avait assez fait…..Nous attendrons la fin de matinée pour voir l'arrivée de Florence. Quelle belle performance.

Les autres arrivées se succéderont jusqu'au vendredi après-midi tous avec un grand sourire et une fraîcheur surprenante.

La remise des prix et la soirée de « gala » seront un peu gâchées par le vol de toutes nos affaires laissées aux CP. A l'heure où j'écris ces lignes tout serait retrouvé. J'attends de voir.

Les jours suivants seront moins passionnants avec 12h de bus jusqu'à MARRAKECH et une queue interminable pour reprendre l'avion. Arrivée à PARIS sous la pluie, nous sommes accueillis par Isabelle et les enfants, Betty la femme de Dom avec Sacha son fils ainsi que Pat (MDS 2008) venu simplement pour nous féliciter.

CONCLUSION

J'ai appris beaucoup sur la course non-stop mais surtout sur moi.

J'ai aimé être seul ce qui m'a permis de réfléchir sur ma vie et de me recentrer sur le principal. C'est le grand côté positif de cette expérience.

Au sujet de la course, le résultat dépasse tout ce que je pouvais espérer même si maintenant je sais que je peux jouer la victoire sur ce type d'épreuve. Maintenant, est-ce j'en referai ? Pas sûr. Il y a peut-être trop de marche pour moi.

L'ambiance était extraordinaire entre nous, l'organisation et les docs. C'est vraiment la famille GESTIN qui veut cela. Je n'ai jamais connu ça ailleurs.

 

REMERCIEMENTS :

Merci à Dominique pour m'avoir supporté et aidé en course mais surtout en dehors en m'offrant pas mal de matériel. Sa gentillesse n'a d'égale que ses qualités physiques. Faire 2ème avec le job qu'il a…mes respects.

Merci aux Cousins ALARY (producteurs de Côte du Rhône DOMAINE DE L'ORATOIRE ST MARTIN) pour avoir engagé un « boulet » pour les vendanges et me permettre de financer une partie de l'aventure.

Merci à mes parents pour leur aide. Je les aime.

Merci Laurent pour tes lunettes et ton maillot. Pour avoir fait l'effort de te déplacer pour me livrer à domicile.

Merci à Alex et surtout Isa qui m'a remis sur pied après mon hypothermie. Sans elles beaucoup auraient abandonné.

Merci à vous tous pour votre soutien. J'ai couru quelques km pour chacun d'entre vous croyez moi.

Merci enfin à Isabelle (ma femme) pour accepter tout ça. Elle a assuré aussi derrière le clavier en donnant le peu d'infos qu'elle avait en temps réel. Tout ça en travaillant, en s'occupant des enfants (qui heureusement sont adorables et très autonomes)...J'ai une femme hors norme et je m'en rends compte même si je ne lui dis pas assez.

 

 

 


12/12/2009
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100 km Millau 2009

100 km de MILLAU

    dimanche 27 septembre 2009

 

Ben je n'voyais pas ça si dur !!!!!

Reprenons tout par le début.
Les 15 derniers jours de prépas se sont résumés à 15 jours de vendanges à se tordre le dos ; monter et descendre sur les cuisses ; jeter les seaux pleins dans la remorque etc...

J'arrive donc vendredi soir à Millau (après avoir terminé de "couper" jeudi soir) après 2h30 de bus en provenance de Montpellier. Heureusement Alain m'attend fidèlement à la gare comme prévu et m'anonce que ni Guizmo (on sait pourquoi), ni Stèphane (pourquoi ?) ne sont pas là.
Direction la perception du dossard et du resto pour arriver à la chambre afin de préparer tout pour demain. Comme je n'avais rien prévu de particulier, c'est vite baclé. Je me couche vite fait pour reposer un max mon pauvre dos ainsi que mes vieilles jambes. Olivier m'a prévenu : "tu vas souffrir les 2 premières heures et ça ira mieux ensuite...."

Le jour J est arrivé. J'ai bien dormi....jusqu'à 4h du mat. Mon gâteau sport MX3 est super bon. Je me régale.
On arrive à Millau (16 km du gîte) une bonne heure et demi avant les 10h du départ, le temps pour Alain de préparer méthodiquement le vélo de son "assistant". Rien n'est laissé au hasard, c'est impressionnant.
Dans les 2300 (1800 cenbornards) fous, je retrouve mes potes du team Karimaroc avec qui j'ai couru dans le désert en 2008 et parmi eux Dominique avec qui j'ai prévu de faire les 100 bornes et qui m'accompagnera dans 2 mois pour la 333 (333km non-stop dans le Sahara.)

Le départ est donné à l'heure. Alain, Dom et moi courons ensemble. Nous commençons entre 11.5 et 12 km/h. Il faut prendre un peu d'avance sur nos temps de passage (10 km/h soit 10h d'effort) car les VRAIES difficultés commencent au 50ème km. Je n'ai pas de bonnes sensations tout au long de cette première boucle assez valonnée de 42 km (pour les marathoniens). J'ai mal et au dos et aux jambes. Mais bon ! on avance ! Alain est un peu devant au niveau du meneur d'allure des 9h. A 5 mn derrière Dom décide de rester avec moi alors qu'il est très facile. Nous passons tous les deux le marathon en 3h50 à la 133ème place. On retrouve les femmes de mes potes Dom, Pat et Manu. Elles nous donnent une soupe et à ce moment j'ai vraiment envie d'arrêter. Je suis fatigué. Mais bon ! je repars avec Dominique.

Les difficultés vont commencer à arriver. D'un seul coup je me sens bien. En fait, ce n'était pas 2h mais 4 qu'il me fallait pour me chauffer.
Première grosse côte : celle du viaduc (dessous le viaduc). Tout le monde marche sauf...Dom et moi. On double du monde en particulier Alain qui m'a l'air encore en forme. Il est 15h et il fait très chaud depuis le début d'ailleurs...Montée assez raide et assez longue pour ce faire mal.Arrivé en haut, je décide d'attaquer la descente à fond. C'est à ce moment que je lache Dom. Il attrape des crampes aux ischios et sûrement un petit coup de chaud. Je continue seul, m'arrête aux ravitos juste pour remplir ma gourde d'eau et prendre deux fois rien à manger.
S'enchaîne la deuxième très longue montée vers st affrique. 7 km de montée à 7% de moyenne. Elle passe bien en alternant la marche et la course.Puis c'est la grande descente de 7 km pour arriver au 70ème à st affrique. Je remarque qu'elle n'ai pas si raide que ça sauf le dernier km. Je prévois de remonter ce km en marchant pour me préserver puis le reste se fera en courant lentement afin de grapiller encore des places. Au moment du demi tour j'ai toujours 3 mn d'avance sur mes temps de passage. 70ème km en 6h57 et 111ème.

Je connais maintenant les 30 derniers km puisque je viens de les faire dans l'autre sens. J'ai le moral. Tout va bien. Les jambes suivent, je m'alimente correctement. Que du bonheur. Je sais que mon objectif des 10h va être dur à tenir mais ça m'enlève de la pression. En remontant, je croise Alain qui ne doit avoir qu'une vingtaine de minutes de retard sur moi et plus loin c'est au tour de Manu de m'annoncer que Pat et Dom ont abandonné.
Au Ravito du 82ème je vois Dom qui attend depuis 2h la navette pour rentrer. Il en a tellement marre d'attendre qu'il decide de rentrer avec moi. Quelle aubaine ! Il va m'être d'une grande aide. Grâce à lui, les parties où j'aurais marché seul, je les fais en courant. Il me fait tous les ravitos ce qui me permet de doubler pas mal de monde.Au 90ème, je n'ai que 3 mn de retard sur mes temps mais arrive la dernière difficulté : la remontée du viaduc. Dom décide de filer devant. Je commence la montée en marchant et je sens que je peux rattraper du monde notamment une femme qui est 100m devant moi depuis 25 km C'est décidé : je finirai les 8 derniers km en courant au courage, à la volonté. C'est ma force et je la cultive, je la teste. Je veux finir avant la nuit (au fait, à quelle heure elle tombe ?).
Allez, il reste 3 km de descente et 3 de faux plat montant. Que c'est long ! La descente fait mal mais je ne veux pas lacher. Derrière, il n'y a plus personne. C'est devant que ça se passe.
Je ne m'arrête pas au dernier ravitaillement. Je n'ai plus d'eau. Pas grave. Je sais maintenant que c'est gagné, il fait nuit, j'ai mis plus de 10h...pas grave !
10h11mn ; 100 km ; 76ème /1800. Je suis centbornard. YES !!! j'avais déjà fait plus mais jamais cette distance sur du bîtume.
Alain arrivera en 11h50 et Manu juste derrière en 11h52. Comme moi, ils ont réussi Millau le 100 bornes le plus dur de France avec ses 1500m de dénivelé positif.

Comme d'hab je remercie en premier ma ptite femme pour tout son soutien ainsi que Véro pour tous ces ptits plats.
Merci à Alain pour sa gentillesse et aussi Jean-Michel (suiveur de Dom) pour son aide aux ravitos et pour m'avoir ramené à Paris.
Merci enfin à Dom pour sa gentillesse, son état d'esprit et tout le reste.

La récup se passe bien. j'ai eu les jambes raides pendant deux jours et je reprends l'entraînement dès samedi avec une petite préparation 333 avec du très long au programme. mais ceci est une autre histoire.....


18/11/2009
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championnat de france 24h 2009

CHAMPIONNAT DE FRANCE DES 24H 

vendredi 1 mai 2009



 

Lieu : Séné (56)

Objectif : 200km

Voilà, c'est fini.

 Merci à tous ceux qui m'ont encouragé. J'ai bien reçu vos mails pendant l'épreuve, c'était cool.
Malheureusement je n'ai pas été à la hauteur de vos espérences et des miennes puisque j'ai dû abandonner au bout de 13h36 de course et 119,6 km.
 C'est la première fois que j'abandonne et c'est sûrement une bonne chose. Un 24h n'a rien à voir avec tout ce que j'ai pu faire avant, c'est très spécial.
Il m'a manqué du courage pour passer outre la douleur physique et continuer alors que j'avais 1h d'avance sur mes temps de passage prévus. Oui je suis parti trop vite les 4 premières heures (1/2 km/h trop vite) mais je prend note de tout ça et je vais rebondir. Comme disent les judokas "ce n'est pas au nombre de fois qu'un combattant tombe que l'on juge son courage mais au nombre de fois qu'il se relève!!"
 
 
 Je remercie 1000 fois Laurent pour avoir sacrifié son WE pour venir m'assister car sans lui cela aurait été beaucoup plus difficile.
 
 Je terminerais par le meilleur : Merci à Isabelle qui a été parfaite et qui m'a simplifié la vie tout au long du WE et gérant les enfants, mes ravitos (avec Laurent), leurs repas, les messages reçus, l'après course, mes massages, le voyage aller et retour,  et j'en oubli...tout ça sans dormir et avec le sourire. C'était TOP.
 
 Je suis forcemment très déçu de ce résultat mais je ne suis pas une machine et le fait d'avoir eu "le courage d'abandonner" prouve peut-être que je ne suis pas si fou que ça!!

18/11/2009
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