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UTMB 2008



 

ULTRA TRAIL DU MONT BLANC

CHAMONIX le 31 août 2008  

 

Dist : 166 km 

Dev+ : 9500m

Objectif : entre 32 et 34h

Place : 34h00mn. 189ème/2300 ; 74ème VH1. 

 

ULTRA TRAIL DU MONT BLANC

 

(Du 29 au 31 août 2008)

166,4 KM et 9400m de dénivelé positif

 

 

 Décidemment 2008 est une année sportive bien difficile pour moi…Après un Marathon des Sables un peu raté au niveau préparation et dans l'approche psychologique de la course, je recommence pour celle-ci. En effet, en arrivant par le train à Chamonix, je me rends vite compte qu'avoir mon gîte  à quelques km de la ville ne va pas du tout être pratique pour l'avant et l'après course. Heureusement, mon ami Jean-Pascal (un de mes équipiers de la Réunion) a un lit supplémentaire dans la chambre de son hôtel (à 150m de l'arrivée). Je fais alors « faux bon » à Guillaume, mon pote qui avait réservé pour moi un lit dans ce fameux gîte. Mais cet homme est intelligent et comprend très bien ma situation. Je suis tout de même très gêné. Ca commence mal, et ça continue puisque  j'achète mon sac  à dos pour la course la veille (comme un débutant), mes épaules s'en souviennent encore.

 Je n'ai prévu aucune stratégie ni trop regardé le profil du parcours. A peine ai-je estimé la durée de l'effort entre 32 et 34h par rapport à mon temps mis au Grand Raid de la Réunion.

 Alors, quelques heures avant le départ, je décide de partir en compagnie de Jean-Pascal et son collègue Gilles qui ont prévu un plan pour 36h. Je resterai avec eux jusqu'à Courmayeur (km 78) et ensuite, si les jambes vont bien, je partirai à mon rythme.

  Je passerai très vite sur les deux heures d'attente en plein soleil pour récupérer mon dossard et nous voici déjà le jour J. Il est 11h, JP et moi devons libérer notre chambre et nous nous retrouvons à la rue jusqu'à l'arrivée où là m'attendra une autre chambre au 4ème, sans ascenseur avec douche et toilettes sur le palier. Heureusement Gilles est dans un hôtel 3* et nous « loge » jusqu'au départ.

 

 Il est enfin l'heure ! Après moult discours et forces recommandations des organisateurs, nous partons en marchant  avec la deuxième moitié du peloton.

Ca part très vite puisque nous sommes à 10 -11 km/h et nous nous faisons doubler par des vagues entières. Cela fait une drôle d'impression pour moi qui ai l'habitude de partir vite. Je ne comprends pas ce qui arrive, et cela dure un bon moment. « Mais on va finir par être les derniers !!! » C'est dur mentalement. Jean-Pascal n'arrête pas de me dire de partir devant, mais je tiens bon et continue comme prévu. Je suis vraiment très bien physiquement, c'est normal, ce n'est que le début. Je double  mon voisin pompier de Nanterre, puis un collègue cavalier à la Garde Républicaine ainsi que  Patrick (de mon team Karimaroc au Marathon des Sables), étonné de me voir à ce classement.  Mais une seule des 15 difficultés est passée : nous ne sommes qu'aux Contamines (30ème km). Je trouve Pat, bien marqué après moins de cinq heures de course. Il est plus de 23h, l'obscurité s'ajoute à la chaleur. Je ne le reverrai malheureusement plus (il abandonnera à Courmayeur).

 Ca commence à monter et les 14 km d'ascension jusqu'en haut du col du Bonhomme  sont de plus en plus raides. C'est arrivé au ravitaillement de La Balme (à 5km du sommet) que je sens JP un peu moins bien. En effet, il n'arrive pas à suivre alors que ça monte très dur sur une « monotrace ». Gilles est avec moi, on se demande si l'on doit attendre notre copain. Gilles décide de l'attendre en haut. Je me sens vraiment très bien, nous sommes au 40ème km, et c'est à ce moment que je décide d'attaquer. Ca ne va pas assez vite pour moi. Je m'ennuie. C'est très pentu, je double et suis obligé de courir dans la montée pour passer certains concurrents. Quel pied ! La course commence enfin ! J'ai repris quasi  100 places en moins de 5km. Je respecte depuis le début la seule règle que je m'étais fixée : s'arrêter moins de 5mn à chaque ravitaillement. Et c'est à ces ravitos que je double le plus de raideurs. Je passe les grosses difficultés suivantes sans problèmes même si depuis le sommet du Col de la  Seigne je ressens une douleur au niveau du releveur du pied droit. Mais bon ! Pendant que je pense à mon pied, je ne pense pas à mes jambes !       J'arrive à Courmayeur en 14h. On est samedi, il est 8h30 du matin. Je n'ai aucune douleur. Alors je décide de faire un arrêt éclair alors que j'avais prévu un sac pour me changer, de me faire masser etc… Rien de tout ça. Je repars très vite pour ne pas me refroidir. Il y a pas mal d'italiens dans le public ! Ha oui ! Je suis en Italie depuis la descente du Mont Fabre et jusqu'à la Fouly pour basculer en Suisse.

 Les refuges Bertone et Bonatti arrivent très vite malgré un effort de 2h40. Il recommence à faire chaud ! C'est au ravitaillement d'Arnuva, au pied d'une descente très rapide que je retrouve Alexandra Rousset  (team Raidlight et une des favorites). Elle a une heure de retard sur ses prévisions. Je connais sa valeur et décide de me mettre dans ses pas pour gravir LA difficulté du parcours : LE GRAND COL FERRET, 800m de dénivelé en 4,5 km. Je ne resterai pas longtemps derrière Alex car malheureusement, elle est dans un jour « sans ». Je la laisse (elle finira en 39h avec sa sœur). Quelle est longue cette montée mais qu'est-ce que c'est beau ! J'en bave mais je suis heureux.

 Enfin le sommet ! Place à 22 km de descente. Ce sont mes cuisses qui ne sont pas contentes. Elles vont chauffer. Je suis euphorique. J'apprends que je suis dans les 300 premiers soit plus de 1000 places de gagnées depuis le départ. Vivement la montée sur Champex !

 Champex, 22h50 de course. 123 km et 6800m de dénivelé positif depuis le départ. Je suis 240ème. Je récupère mon deuxième et dernier sac d'allègement, me change complètement et décide de ma faire masser, d'une part parce qu'il reste 3 énormes difficultés dont la montée de Bovine bientôt, et d'autre part pour montrer mon releveur à un médecin car je commence à souffrir pas mal. 1/2h de pose au total. Un peu de « froid » sur mon bobo et c'est reparti. La reprise est difficile physiquement. Mon pied me fait encore plus mal après manipulation. Je marche pendant le premier ¼ h afin de chauffer la machine.

 La montée de Bovine est très raide, longue et très technique surtout à ce moment de la course. C'est une ravine géante que je monte seul. La température baisse, je me refroidi  malgré l'effort. Je commence à rattraper des coureurs bien fatigués…

A Trient, au km 138, je retrouve 2 raideurs Christophe (le parisien) et Didier (le basque). En effet, depuis plusieurs heures, on n'arrête pas de se passer, de se repasser. On remarque qu'en fait on a le même niveau et en quelques mots on décide de monter Catogne (800m dev+ sur 4,8 km)  ensemble avant la nuit et très vite on décidera de finir en trinôme. De nuit, avec les difficultés restantes…c'est une force d'être trois. Et ce qui ne gâche rien, ils sont super sympas. A ce moment là, je ne vais pas bien. J'ai beaucoup de mal dans cette montée, mon pied me fait souffrir. Christophe a les deux releveurs enflammés et ne se plaint pas. J'ai le moral dans les chaussettes et  les cuisses en feu. Je dis à mes copains de me laisser et de partir, je les retarde mais ils restent et  me soutiennent alors qu'ils ne me connaissent même pas. Mais c'est l'esprit « Trail ». Merci à vous 2.

 

 D'un avis unanime, on trouvera la nouveauté 2008, c'est-à-dire la dernière montée de La Flagère complètement inutile et très dangereuse de nuit. Le balisage dans la descente de la Tête  aux Vents est très approximatif. Malgré le manque d'énergie je passe ces derniers « obstacles » au mental et c'est au tour de Christophe d'avoir besoin de souffler. Mais il est courageux et au prix d'un énorme effort, il bascule avec nous pour terminer en moins de 34h (notre objectif commun).

 Mais pour y arriver, il ne va pas falloir chômer dans les dix derniers km quasi en descente. Mais elle commence sur une piste de ski et ses cailloux qui me brisent la voûte plantaire. 5 km pas faciles.

 Les 5 derniers vont être parcourus en courant. On descent des lacets le long d'une montagne avec vue sur Chamonix. C'est le même final qu'à la Réunion : on voit l'arrivée mais elle parait inaccessible. Fort de l'expérience d'octobre dernier, je reste calme et augmente un peu le rythme voyant que mes camarades suivent.

 Nous arrivons enfin à Chamonix (33h55 de course), on est dans les temps. On reconnaît les lieux. Dans 3mn on arrive. Un virage à droite et c'est la ligne. Quoi ? Virage à gauche ? Une boucle de 400m dans la ville est à parcourir avant la ligne.

 On passe le portique d'arrivée ensemble, main dans la main en 34h et ….59s et une 188, 189 et 190ème place. 74ème vétéran 1.

 

 Il est 4h30 du mat. J'ai froid. C'est fini. Il faut que je rentre à l'hôtel. Je salue et remercie Didier et sa femme Elisa et prends vite congé sans boire ni manger en compagnie de Christophe à qui j'ai proposé de venir se reposer dans ma chambre en attendant l'arrivée de sa copine prévue un peu plus tard.

 Avant de m'endormir, il se passera du temps car je fais tout à 2 km/h tellement je n'en peux plus. La douche sur le palier sera terrible. Christophe dort tout habillé sur le lit de J Pascal. Il est 6h, je ferme les yeux.

 Mon téléphone sonnera à 9h30. Guillaume et Stéphane m'attendent pour le retour à Paname. Salut Christophe, merci pour tout et bon courage pour le marathon du Médoc dans 15 jours.

 Cool ! J'ai deux pilotes et la banquette arrière pour récupérer jusqu'à Nanterre. Merci les potes. Ils sont tellement balaises qu'ils évitent même les embouteillages.

 

 Pour conclure sur l'impression générale de cet UTMB, je dirai que la préparation ne doit pas être que physique mais aussi matérielle et mentale, c'est primordial. J'ai négligé les 2 dernières parties comptant certainement de trop sur mes expériences passées. C'est une grosse erreur.

 Physiquement, je m'en sors bien puisque je n'ai eu presque aucunes courbatures aux jambes. Une fatigue générale est apparue au bout de trois jours. Mon releveur commence à dégonfler après quatre jours.

 Le parcours est  dantesque, d'une beauté exceptionnelle ;  moins hostile qu'à la Réunion, donc on va plus vite. Je pense que je peux faire deux heures de mieux en partant plus vite et en utilisant des bâtons (90 % en ont). Je suis tout de même satisfait. Je continue ma quête vers toutes les courses extrêmes à travers le monde. Je ne connaîs toujours pas les affres de l'abandon….Pourvu que ça dure.

 

 

 Remerciements : Merci une fois de plus à ma chérie pour ….tout.

 

Merci à ma famille et belle famille pour leur énorme soutient (et leur cadeau d'anniversaire).

Merci à tous ceux qui m'ont soutenu par texto, mail, journaux…

Merci à Jean-Pascal pour m'avoir accepté dans sa chambre et tout et tout...

Merci Gilles et JP pour m'avoir établi une stratégie de course payante. Merci aussi à Gilles et ses amis pour m'avoir permis de squatter leurs chambres d'hôtel.

Enfin, merci à Didier et Christophe pour cette dernière nuit inoubliable.

 



18/11/2009
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