BIENVENUE DANS MON MONDE : L'ULTRA

Courses 2008


Marathon des sables 2008

 



 

            23ème MARATHON DES SABLES 2008

vendredi 28 mars 2008

 

Dist : 245 km en 6 étapes

Objectif : dans le top 50.

Place : 73ème/801 ; 30ème vétéran ; 29ème français.

 

 Le grand jour est arrivé. Nous sommes le 28, il est 11h, je suis à Orly, l'aventure commence maintenant. Laurent m'accompagne et nous retrouvons très vite Manu, Patrick et Dominique. L'équipe KARIMAROC (association reconnue d'utilité publique qui vient en aide aux enfants des villages reculés du Maroc en leur apportant des vêtements, fournitures scolaires, matériel médical…) est au complet.

 Nous décollons avec 1h de retard mais tout se passe bien. Nous atterrissons à ERRACHIDIA, petit aérogare avec tout ce que ça implique : longue attente en plein soleil pour passer la douane. Mais cela nous fait gagner 3h de bus.

 Dans le bus, nous prenons connaissance du road book avec un départ dans les grandes dunes de MERZUGA pour une arrivée 245 km plus loin au cœur de la ville de TAZZARINE. 6 étapes superbes respectivement longues de 31.6 ; 38 ; 40.5 ; 75.5 ; 42.2 et 17.5 km.

 Arrivés au bivouac, il fait nuit. Nous trouvons une tente vide au numéro 120. Les Français devaient se situer entre les tentes 20 et 60. Il y en aura donc 5 au milieu de belges, luxembourgeois, anglais et allemands.

 Il est l'heure de manger, nous faisons notre première queue pour atteindre notre plateau de pâtes et autre bière, viande, fromage, dessert.

 

 Après avoir passé une nuit douce mais perturbée par la texture du sol dur et caillouteux, je décide d'accepter la moitié de tapis de sol que me propose Pat et ce jusqu'à la fin de l'épreuve quitte à porter un peu plus.

 Le samedi est réservé au contrôle du sac et de l'individu. Je fais constater l'état de mon tibia au doc qui me conseille de passer tous les deux jours pour changer le pansement. A part ça…Tout est bon. « Adieu ma valise, je te retrouve dans une semaine.» La journée sera bien longue, entrecoupée par les files d'attente pour les repas et la perception des bouteilles d'eau. Vivement demain. Je prépare mon sac pour la course et constate que mon système prévu pour me réhydrater ne va pas du tout. L'emplacement de la bouteille est trop serré je n'arriverai pas à la remettre et l'enlever de son logement toutes les cinq minutes. C'est la poisse. Le constructeur m'avait pourtant certifié avant de partir que je n'aurai aucun problème. Heureusement que mon druide GUY prévoie toujours l'impensable et avait une pipette adaptable à la bouteille en double. Il m'a sauvé mon marathon des sables.

 

 Ca y est, nous sommes dimanche. J'ai bien dormi, je suis prêt pour ces 31,7 km. Nous sommes 801 à prendre le départ. Après quelques messages, anniversaires et consignes donnés par le directeur de course, les fauves sont lachés à 9h. Je pars comme d'habitude assez vite. Je suis avec la favorite féminine Didi Touda. Après à peine 2 km les grandes dunes s'offrent à nous et ce pour 15 km. A la troisième d'entre elles j'aperçois ma guêtre droite qui se détache. J'essaie de la remettre mais vois tout de suite que c'est le velcro de la chaussure qui est décollé. Il n'y a rien à faire. Le pied gauche est dans le même état. C'est fichu, le sable rentre. Il me reste encore au moins 14 km de sable plus les 3 derniers de l'étape. Ca promet. Je passe le premier tronçon avec Didi. On monte les dunes à quatre pattes quelque fois. Les mains s'enfoncent jusqu'aux coudes. C'est de la folie. J'aide Didi à gravir certaines d'entre elles tellement c'est raide et mou. A un moment je sors la boussole pour vérifier le cap car nous ne sommes plus que tous les deux et plusieurs options sont choisies parmi les concurrents pour essayer d'éviter certaines « bosses ». Cette mise en bouche m'a bien entamé mais après avoir vidé mes chaussures pour la 3ème fois, je sors des dunes pour poursuivre mon chemin sous un soleil cuisant. Aucune difficulté n'est à signaler jusqu'au 29ème et l'entrée du deuxième champs de dunes pendant 2.5 km. Elles sont moins difficiles mais très usantes. Depuis le 25ème km je n'ai plus de jambes, je suis fatigué, alors j'alterne course et marche et me fais doubler par beaucoup de monde. J'avais prévu de faire l'étape en 4h, je mettrais 4h et 21sec. Je suis satisfait mais très fatigué. Je suis 58ème au classement. J'étais persuadé d'être pire que ça. Je comprends dès maintenant que je n'arriverai pas à remplir mon objectif qui est de rentrer dans les 50 premiers.

 Arrivé à ma tente, je jette de colère mes guêtres à la poubelle. Plus tard, dans la soirée, Guy me dira qu'il avait aussi amené de la colle et du velcro de rechange. Mais c'est trop tard, la poubelle a été vidée par le service environnement du camp. Je ferai donc tout le MDS sans protection contre le sable. Si j'avais bien préparé mon matériel ce ne serait pas arrivé.

 

 Deuxième étape : 38 km et une montée de jebel (colline) au 34ème km pour bien nous casser les jambes.

 Cette étape est rapide, il y a beaucoup de dunettes, sable, terre mais c'est plat et très roulant. Je vide encore mes chaussures à chacun des 3 points de contrôle en ayant à chaque fois envie d'abandonner tellement c'est pénible d'enlever et de remettre ses pompes et de voir que tout ceux que vous avez passés à la régulière vous repassent tranquillement sans rien faire. Je passe la difficulté du jour en force en me rappelant les montées de La Réunion.

 Au final, je fini à la 74ème place de l'étape en 4h 27min, je perds 4 place au général et me retrouve 62ème. C'est dur, je suis vidé, j'ai du mal à récupérer. A l'arrivée, ils nous donnent 3 bouteilles d'eau et seulement trois jusqu'au lendemain. Après avoir retrouvé ma tente, je jette tout par terre. J'enlève et fais sécher ma tenue de course et commence le rituel « récup » de tous les jours. J'enfile mon short de rechange, fais ma toilette à l'aide de mes lingettes. Tout  ceci se fait à 2 à l'heure tellement chacun de mes gestes est pénible. Mes copains de tente arrivent chacun leur tour quand ils ne sont pas déjà là avant moi (surtout notre fusée Dom). Chaque jour, ce sont eux qui allaient chercher du bois pour faire chauffer les gamelles d'eau. Merci à eux car moi, je n'avais ni la force ni le courage de le faire. Ils sont plus forts que moi.

 On prend notre premier repas vers 15h et le second vers 19h. Entre temps, c'est récup en marchant, soin des pieds, faire la queue pour envoyer le MAIL journalier…Le temps passe très vite.

 

 Troisième étape : 40,5 km de sable avec une montée de jebel  au 19ème sur 1km. Des dunes dans tous les sens.

 Ce qui est fou, c'est qu'autant après chaque étape, j'ai l'impression de ne plus pouvoir faire un mètre de plus que le lendemain, c'est reparti pour un tour avec quasi aucune courbature. Certes, il faut quelques centaines de mètres pour être dans le rythme mais ça repart.

 Quelle journée…Encore plus chaude que les autres. J'ai entendu 56° en plein soleil. J'ai encore perdu 15mn à vider mes chaussures car le terrain était criblé de dunes. Chaque appui est difficile, il faut ramener la jambe dans l'axe. Je commence à souffrir des adducteurs, c'est dû à ces efforts répétés. J'ai chaud et mon système hydrique ne me permet pas de pouvoir m'arroser. J'ai envi d'arrêter, j'en ai marre, à quoi ça sert ? Allez ! Je me remotive en pensant à tout ceux qui me soutiennent. Je veux revenir la tête haute et faire fermer la bouche à tous mes soit disant collègues qui n'espèrent qu'une chose c'est que je ne finisse pas.

 Et je finis l'étape en 5h07mn. Je perds encore une petite place au général où je pointe à la 63ème. Je suis dans le même état que la veille au même moment. Le rituel de l'après course peut commencer. Chaque soir je découvre le menu du jour que j'agrémente souvent d'une soupe brûlante. Ca fait un bien énorme. Les repas MX3 sont excellents. Je me régale. Et Manu lance sa phrase désormais « historique » : - On n'est pas bien là ? – C'est énorme !

Et hop, un ptit cocorico poussé par le coq qui l'accompagne perché en haut de son sac. Ca remonte bien le moral.

 

 Quatrième étape : LA LONGUE 75.5 km. 3 montées de jebel dont la première pendant 1km à 25% de pente moyenne avec une main courante en haut pour éviter toutes chutes.

 Cette étape est la plus crainte par tous et est la plus dure aussi évidemment. Les 50 premiers du classement général ainsi que les 5 premières féminines partent dans un deuxième temps 3 heures après nous. Je me retrouve donc très vite aux avants postes afin d'éviter tout embouteillage au pied de la difficulté du jour située au km 7,5. La montée me convient bien, je double un peu de monde mais le sommet est sableux, je suis obligé de vider une première fois mes chaussures (je le ferai 10 fois en tout). C'est encore 3mn de perdues et des efforts inutiles à consentir.

 Je suis assez en forme et me retrouve dans les 5 premiers avec Karim Mosta (20 MDS) et un portugais (qui gagnera l'étape de la première vague) jusqu'au CP 3 (35ème km). A ce moment j'ai un coup de chaud et doit encore vider mes…pompes. Les 12 km suivant commencent à me peser et je sens que ma foulée est moins franche. Je n'arrive pas à manger mes gels et je n'absorbe que mes poudres diluées dans l'eau. Avec la pipette, je bois plus d'air que de liquide et constate à chaque changement de bouteille que je bois moins d'un litre par tranche de 12 km. Je donc une grosse fringale qui se prépare.

 Arrivé au CP 4, j'ai envi d'abandonner. Je suis mort. Il reste 29 km à faire. Je mange mes 17 noix de cajou journalières ainsi que mon mini saucisson afin d'avoir un goût salé dans la bouche. Ca passe mais c'est pas assez je pense.

 Le reste du parcours est plat. Ce sont des lignes droites longues mais longues…..J'arrive au CP 5 en alternant marche et course tout au moral. Je n'arrête pas de me faire doubler, c'est très frustrant. Je regarde derrière moi, je ne vois personne à moins de 300m et quelques minutes plus tard : paf ! Ca me double !

 2 km après le CP5 les premiers (partis 3h après moi) me doublent. Ils vont à une vitesse ! Pour moi, c'est de plus en plus difficile. Je décide de faire les 14 derniers km en marchant. De toute façon, je ne peux pas faire autrement. A 4 km du CP6 me double le 5ème « cador » c'est l'espagnol OBESSO (vice champion du monde des 100 km) et qui l'accompagne ? Mon copain d'équipe Laurent. Ils me doublent avec une facilité…Laurent est euphorique et gardera ce rythme les 4 prochains km.

 La nuit tombe, je prépare ma lampe frontale. J'ai mis les piles de rechange pour être sûr de ne pas tomber en panne. Elles ne devaient pas être neuves car la lampe éclairait encore moins qu'avec les anciennes. Ah ! La préparation de matériel !

 Je finis les 8 derniers km au moral. Les 5 derniers, je les ferais en courant porté, poussé, tiré par mes enfants. Je finirais même de plus en plus vite à la hargne, à la volonté. Je vois la ligne au loin et je m'interdis de marcher. Je suis heureux d'en finir, je souffre et j'aime ça.

 Laurent m'attend à l'arrivée, je suis content pour lui, il a fait une très belle étape. Il me dit que notre tente n'est pas montée et qu'il faut qu'on se mette dans la 104 en attendant. Je vois un commissaire et lui dit que c'est hors de question que je bouge au milieu de la nuit. La négociation se passe bien. On changera demain. En attendant, toute la nuit on a dû réorienter les anglais habituels de la 104 vers une autre tente. J'ai tout de même un petit peu de force pour écrire un mail mais je regrette car j'ai mal au dos, je mets 2 heures pour écrire 2 lignes et en plus je m'aperçois que ce que j'écris ne va rassurer personne. Enfin c'est parti. Il n'y a pas plus « à chaud » que là. Je retourne à ma tente, me change, me couche. Je suis trop fatigué pour manger quoique ce soit. On verra demain. Pat arrive à son tour, comme d'hab, il est frais et a super géré. Manu et Dom arrivent quasi ensemble. Dom a reprit Manu à quelques encablures de l'arrivée. J'ai mis 10h40, 103ème du jour et une chute à la 72ème place au général. Bonne nuit…

 

 

 

 Jour de repos :

 Comme ça passe vite… Après avoir fait un peu de lessive, être allé voir la tente de Guy, être allé aux mails, manger, manger et encore manger puis boire du pepsi bien frais offert par l'organisation, la journée se termine déjà…

 

 Cinquième étape : Marathon de 42,2 km. Beaucoup de palmeraies et qui dit palmiers dit ….sable.

 Aujourd'hui, j'ai bien récupéré et les jambes vont bien. Ce n'est malheureusement pas le cas de Dominique qui s'aperçoit d'entrée qu'il n'a pas de force. Va commencer pour lui une journée cauchemar due à une déshydratation pendant la longue. Il n'y a pas de dunes au programme mais beaucoup de sable. Les appuis sont fuyants, on a l'impression de patiner dans la choucroute. Il fait encore plus chaud que lors de la 3ème étape. Il va y  avoir des défaillances c'est sûr. Le parcours est magnifique. Nous passons de palmeraie en palmeraie avec des enfants partout tout au long de l'itinéraire. Ils nous demandent des bonbons, nos noms. Ils veulent nous aider à courir en nous prenant la main. Ils sont pieds nus. Laurent qui m'a rejoint un peu après le CP1 se fait tirer par une fillette mais celle-ci va trop vite et casse le rythme du coureur. Il mettra un peu de temps à s'en remettre. Avec mon expérience, je sais qu'il faut malheureusement refuser leur aide. Les enfants ne comprennent pas mais c'est comme ça. Une petite tape dans la main ou un « bonjour » et ils ont le sourire.

 J'ai décidé pour cette étape « mythique » de courir tout du long, comme pour un marathon en ville. Je tiens ce pari. Je ne viderai pas mes chaussures aujourd'hui. Et c'est encore une fois au moral que j'avalerais les 20 derniers kilomètres. Une fois de plus Juliette et Boris m'ont poussé très fort jusqu'à la ligne. Je fini exténué en 4h57mn pour 5h de prévu. Encore une place de perdu au général : 73ème (tiens ! c'était mon numéro de dossard il y a 2 ans). Je suis content, le MDS 2008 est (presque) fini. J'ai tenu. Je me revoie, il y  a deux ans, à l'arrivée du marathon, pleurer avec mes  trois bouteilles d'eau à la main, cherchant ma tente. Cette année….rien. Je suis calme. Peut-être ne suis-je pas satisfait du résultat ? Oui ! Déçu je le suis. Mais je ferai le bilan « à froid » dans quelque temps.

 Ce soir, 19h, concert. 14 musiciens et une diva de l'opéra de Paris viennent mettre un peu de douceur dans ce monde de brutes. 5h d'installation pour 45mn de récital…Bof ! Pas convaincu ! Le directeur de course, lui, aime et était ému aux larmes…Suis-je insensible ? C'est ce que dit Isabelle…

 

 Dernière étape : 17,5 km jusqu'à TAZZARINE. Aucune difficulté. 3km de terrain sablonneux. Ca va être rapide…

 Mon sac est presque vide. Il est super léger. J'ai donné ma gamelle, mes babouches, mon tapis de sol. Je n'ai plus de nourriture. Je remplis tout de même mon ventral pour qu'il puisse supporter ma bouteille d'eau au dessus. Je suis prêt pour finir fort. Je vise le 12km/h, comme il y a 2 ans.

 Je ne sais pas pourquoi mais mon corps ne veut pas se mettre dans le rouge ! Je lui demande plus mais il ne le fait pas ! Je me sens bien et me contente de ça. Je passe le seul CP sans même m'arrêter en 50mn pour 9 km. Je suis en retard sur mon tableau de marche…Il reste 8,5 km pour accélérer et c'est ce que je fais. L'entrée de la ville arrive assez vite mais je sais que tout le temps que je ne serai pas sur du bitume, il faut que j'en garde encore. Qu'est-ce qu'elle est longue cette traversée de village….En haut d'un faux plat, je vois la route. Il reste 1,5km. Je lâche tout et il est hors de question que quiconque me double et c'est moi qui doublerai (vengeance !). Au détour d'un virage, je remarque une foule impressionnante et vois le portique d'arrivée. Ca y est, c'est fini ! J'enlève ma casquette et salut la foule sur les 100 derniers mètres. J'ai des frissons. J'embrasse mon annulaire gauche ainsi que mes deux porte-bonheur de mes enfants et passe la ligne après 1h34mn (11,5 km/h) d'effort pour recevoir ma médaille de « finisher » des mains de Patrick BAUER (l'organisateur de cette belle épreuve).

J'attends mes copains qui ne tardent pas à arriver. Dominique en a encore bavé aujourd'hui, il n'est pas remis et finit au courage. Nous ferons les trois heures de liaison bus tous ensemble pour ensuite récupérer nos bagages et rejoindre nos chambres d'hôtel  à OUARZAZATE.

 

 Le reste du périple n'est que la routine d'un touriste « de base » : visite de la ville et de son souk, se jeter sur le buffet et passer une sale nuit due au maux de ventre…la routine quoi !

 Le dimanche est libre, remise des prix l'après-midi, achats de souvenirs, ballade…

 

 Et voilà ! C'est fini ! Retour à Paris sous la neige. J'arrive juste à l'heure pour récupérer les enfants à l'école. C'est une surprise ! Ils ne sont pas au courant ! Evidemment, ils me sautent dans les bras et Boris me demande en premier si j'ai amené les goûters.

 Arrivé sur le seuil de l'appartement, je constate que la porte est recouverte de messages de « bienvenue » confectionnés par mes zouzous. Et ce n'est pas fini ! L'appart est rempli d'affiches et de ballons. Le salon est rebaptisé : « salle Marathon Des Sables ». C'est super !

 

 Le bilan :

 

Je finis 74ème au général (80ème il y a 2 ans). 30ème vétéran et 29ème Français.

8 km/h de moyenne (7,5 km/h il y a 2 ans).

Je constate que ma préparation « matériel » est ratée. C'est certainement du au fait que j'y ai passé beaucoup moins de temps et que mon budget a été « bouclé » très tard aussi.

Ma préparation « mentale » n'a pas été top non plus. Ce n'est pas mon objectif de l'année (c'est l'Ultra Trail du Mont Blanc en août) et inconsciemment ça a joué.

 

Je reviens tout de même en bonne santé. Je n'ai aucunes ampoules, mon tibia ne m'a pas fait mal, il est même guéri. Je me suis encore forgé un caractère plus dur dans l'effort. J'ai gagné de l'expérience.

Je suis très content aussi d'avoir rencontré 4 types formidables. Ce n'était pas gagné d'avance. J'espère que l'on va rester en contact et que l'on fera d'autres courses ensemble.

 On finit  9ème sur 53 équipes. KARIMAROC a été bien représentée et le président de l'association (avec qui on a bu un coup après l'arrivée à l'hôtel) est fier de nous.

 

 Je remercie ma femme Isabelle qui me laisse faire toutes mes folies et qui derrière assure avec les enfants, son travail, son stress, le ménage, les courses…Je l'aime. C'est la femme de ma vie.

 Je remercie mes enfants Juliette et Boris qui m'ont porté tout le long de la course et qui m'ont encouragé sans cesse.

 Je remercie ma famille et belle famille qui se sont fait beaucoup de souci aussi.

 Je remercie tous ceux qui m'ont envoyés des messages, ça booste fort.

 

 Et enfin un énorme merci à mes partenaires sans qui, tout ça n'aurait pas pu se faire et croyez moi, c'est une réalité. Peu de sociétés font l'effort que vous avez fait. MERCI

 

DOMAINE DE L'ORATOIRE SAINT MARTIN: Côte du Rhône de CAIRANNE (84). Le meilleur vin du MONDE ! Merci Fred, Monique, François et Véronique.

ANADIA : Horticulteur à SARRIANS (84). Les plus belles plantes du MONDE ! Merci Titou et Fred.

CHALLENGE 92 : association. Merci Mireille.

LA GENDARMERIE NATIONALE.

RIVE DROITE AUTO : concessionnaire TOYOTA à VERDUN (55). Les plus belles voitures du MONDE ! Merci Cécilia.

A bientôt pour de nouvelles aventures et pas des moindres....


19/11/2009
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UTMB 2008



 

ULTRA TRAIL DU MONT BLANC

CHAMONIX le 31 août 2008  

 

Dist : 166 km 

Dev+ : 9500m

Objectif : entre 32 et 34h

Place : 34h00mn. 189ème/2300 ; 74ème VH1. 

 

ULTRA TRAIL DU MONT BLANC

 

(Du 29 au 31 août 2008)

166,4 KM et 9400m de dénivelé positif

 

 

 Décidemment 2008 est une année sportive bien difficile pour moi…Après un Marathon des Sables un peu raté au niveau préparation et dans l'approche psychologique de la course, je recommence pour celle-ci. En effet, en arrivant par le train à Chamonix, je me rends vite compte qu'avoir mon gîte  à quelques km de la ville ne va pas du tout être pratique pour l'avant et l'après course. Heureusement, mon ami Jean-Pascal (un de mes équipiers de la Réunion) a un lit supplémentaire dans la chambre de son hôtel (à 150m de l'arrivée). Je fais alors « faux bon » à Guillaume, mon pote qui avait réservé pour moi un lit dans ce fameux gîte. Mais cet homme est intelligent et comprend très bien ma situation. Je suis tout de même très gêné. Ca commence mal, et ça continue puisque  j'achète mon sac  à dos pour la course la veille (comme un débutant), mes épaules s'en souviennent encore.

 Je n'ai prévu aucune stratégie ni trop regardé le profil du parcours. A peine ai-je estimé la durée de l'effort entre 32 et 34h par rapport à mon temps mis au Grand Raid de la Réunion.

 Alors, quelques heures avant le départ, je décide de partir en compagnie de Jean-Pascal et son collègue Gilles qui ont prévu un plan pour 36h. Je resterai avec eux jusqu'à Courmayeur (km 78) et ensuite, si les jambes vont bien, je partirai à mon rythme.

  Je passerai très vite sur les deux heures d'attente en plein soleil pour récupérer mon dossard et nous voici déjà le jour J. Il est 11h, JP et moi devons libérer notre chambre et nous nous retrouvons à la rue jusqu'à l'arrivée où là m'attendra une autre chambre au 4ème, sans ascenseur avec douche et toilettes sur le palier. Heureusement Gilles est dans un hôtel 3* et nous « loge » jusqu'au départ.

 

 Il est enfin l'heure ! Après moult discours et forces recommandations des organisateurs, nous partons en marchant  avec la deuxième moitié du peloton.

Ca part très vite puisque nous sommes à 10 -11 km/h et nous nous faisons doubler par des vagues entières. Cela fait une drôle d'impression pour moi qui ai l'habitude de partir vite. Je ne comprends pas ce qui arrive, et cela dure un bon moment. « Mais on va finir par être les derniers !!! » C'est dur mentalement. Jean-Pascal n'arrête pas de me dire de partir devant, mais je tiens bon et continue comme prévu. Je suis vraiment très bien physiquement, c'est normal, ce n'est que le début. Je double  mon voisin pompier de Nanterre, puis un collègue cavalier à la Garde Républicaine ainsi que  Patrick (de mon team Karimaroc au Marathon des Sables), étonné de me voir à ce classement.  Mais une seule des 15 difficultés est passée : nous ne sommes qu'aux Contamines (30ème km). Je trouve Pat, bien marqué après moins de cinq heures de course. Il est plus de 23h, l'obscurité s'ajoute à la chaleur. Je ne le reverrai malheureusement plus (il abandonnera à Courmayeur).

 Ca commence à monter et les 14 km d'ascension jusqu'en haut du col du Bonhomme  sont de plus en plus raides. C'est arrivé au ravitaillement de La Balme (à 5km du sommet) que je sens JP un peu moins bien. En effet, il n'arrive pas à suivre alors que ça monte très dur sur une « monotrace ». Gilles est avec moi, on se demande si l'on doit attendre notre copain. Gilles décide de l'attendre en haut. Je me sens vraiment très bien, nous sommes au 40ème km, et c'est à ce moment que je décide d'attaquer. Ca ne va pas assez vite pour moi. Je m'ennuie. C'est très pentu, je double et suis obligé de courir dans la montée pour passer certains concurrents. Quel pied ! La course commence enfin ! J'ai repris quasi  100 places en moins de 5km. Je respecte depuis le début la seule règle que je m'étais fixée : s'arrêter moins de 5mn à chaque ravitaillement. Et c'est à ces ravitos que je double le plus de raideurs. Je passe les grosses difficultés suivantes sans problèmes même si depuis le sommet du Col de la  Seigne je ressens une douleur au niveau du releveur du pied droit. Mais bon ! Pendant que je pense à mon pied, je ne pense pas à mes jambes !       J'arrive à Courmayeur en 14h. On est samedi, il est 8h30 du matin. Je n'ai aucune douleur. Alors je décide de faire un arrêt éclair alors que j'avais prévu un sac pour me changer, de me faire masser etc… Rien de tout ça. Je repars très vite pour ne pas me refroidir. Il y a pas mal d'italiens dans le public ! Ha oui ! Je suis en Italie depuis la descente du Mont Fabre et jusqu'à la Fouly pour basculer en Suisse.

 Les refuges Bertone et Bonatti arrivent très vite malgré un effort de 2h40. Il recommence à faire chaud ! C'est au ravitaillement d'Arnuva, au pied d'une descente très rapide que je retrouve Alexandra Rousset  (team Raidlight et une des favorites). Elle a une heure de retard sur ses prévisions. Je connais sa valeur et décide de me mettre dans ses pas pour gravir LA difficulté du parcours : LE GRAND COL FERRET, 800m de dénivelé en 4,5 km. Je ne resterai pas longtemps derrière Alex car malheureusement, elle est dans un jour « sans ». Je la laisse (elle finira en 39h avec sa sœur). Quelle est longue cette montée mais qu'est-ce que c'est beau ! J'en bave mais je suis heureux.

 Enfin le sommet ! Place à 22 km de descente. Ce sont mes cuisses qui ne sont pas contentes. Elles vont chauffer. Je suis euphorique. J'apprends que je suis dans les 300 premiers soit plus de 1000 places de gagnées depuis le départ. Vivement la montée sur Champex !

 Champex, 22h50 de course. 123 km et 6800m de dénivelé positif depuis le départ. Je suis 240ème. Je récupère mon deuxième et dernier sac d'allègement, me change complètement et décide de ma faire masser, d'une part parce qu'il reste 3 énormes difficultés dont la montée de Bovine bientôt, et d'autre part pour montrer mon releveur à un médecin car je commence à souffrir pas mal. 1/2h de pose au total. Un peu de « froid » sur mon bobo et c'est reparti. La reprise est difficile physiquement. Mon pied me fait encore plus mal après manipulation. Je marche pendant le premier ¼ h afin de chauffer la machine.

 La montée de Bovine est très raide, longue et très technique surtout à ce moment de la course. C'est une ravine géante que je monte seul. La température baisse, je me refroidi  malgré l'effort. Je commence à rattraper des coureurs bien fatigués…

A Trient, au km 138, je retrouve 2 raideurs Christophe (le parisien) et Didier (le basque). En effet, depuis plusieurs heures, on n'arrête pas de se passer, de se repasser. On remarque qu'en fait on a le même niveau et en quelques mots on décide de monter Catogne (800m dev+ sur 4,8 km)  ensemble avant la nuit et très vite on décidera de finir en trinôme. De nuit, avec les difficultés restantes…c'est une force d'être trois. Et ce qui ne gâche rien, ils sont super sympas. A ce moment là, je ne vais pas bien. J'ai beaucoup de mal dans cette montée, mon pied me fait souffrir. Christophe a les deux releveurs enflammés et ne se plaint pas. J'ai le moral dans les chaussettes et  les cuisses en feu. Je dis à mes copains de me laisser et de partir, je les retarde mais ils restent et  me soutiennent alors qu'ils ne me connaissent même pas. Mais c'est l'esprit « Trail ». Merci à vous 2.

 

 D'un avis unanime, on trouvera la nouveauté 2008, c'est-à-dire la dernière montée de La Flagère complètement inutile et très dangereuse de nuit. Le balisage dans la descente de la Tête  aux Vents est très approximatif. Malgré le manque d'énergie je passe ces derniers « obstacles » au mental et c'est au tour de Christophe d'avoir besoin de souffler. Mais il est courageux et au prix d'un énorme effort, il bascule avec nous pour terminer en moins de 34h (notre objectif commun).

 Mais pour y arriver, il ne va pas falloir chômer dans les dix derniers km quasi en descente. Mais elle commence sur une piste de ski et ses cailloux qui me brisent la voûte plantaire. 5 km pas faciles.

 Les 5 derniers vont être parcourus en courant. On descent des lacets le long d'une montagne avec vue sur Chamonix. C'est le même final qu'à la Réunion : on voit l'arrivée mais elle parait inaccessible. Fort de l'expérience d'octobre dernier, je reste calme et augmente un peu le rythme voyant que mes camarades suivent.

 Nous arrivons enfin à Chamonix (33h55 de course), on est dans les temps. On reconnaît les lieux. Dans 3mn on arrive. Un virage à droite et c'est la ligne. Quoi ? Virage à gauche ? Une boucle de 400m dans la ville est à parcourir avant la ligne.

 On passe le portique d'arrivée ensemble, main dans la main en 34h et ….59s et une 188, 189 et 190ème place. 74ème vétéran 1.

 

 Il est 4h30 du mat. J'ai froid. C'est fini. Il faut que je rentre à l'hôtel. Je salue et remercie Didier et sa femme Elisa et prends vite congé sans boire ni manger en compagnie de Christophe à qui j'ai proposé de venir se reposer dans ma chambre en attendant l'arrivée de sa copine prévue un peu plus tard.

 Avant de m'endormir, il se passera du temps car je fais tout à 2 km/h tellement je n'en peux plus. La douche sur le palier sera terrible. Christophe dort tout habillé sur le lit de J Pascal. Il est 6h, je ferme les yeux.

 Mon téléphone sonnera à 9h30. Guillaume et Stéphane m'attendent pour le retour à Paname. Salut Christophe, merci pour tout et bon courage pour le marathon du Médoc dans 15 jours.

 Cool ! J'ai deux pilotes et la banquette arrière pour récupérer jusqu'à Nanterre. Merci les potes. Ils sont tellement balaises qu'ils évitent même les embouteillages.

 

 Pour conclure sur l'impression générale de cet UTMB, je dirai que la préparation ne doit pas être que physique mais aussi matérielle et mentale, c'est primordial. J'ai négligé les 2 dernières parties comptant certainement de trop sur mes expériences passées. C'est une grosse erreur.

 Physiquement, je m'en sors bien puisque je n'ai eu presque aucunes courbatures aux jambes. Une fatigue générale est apparue au bout de trois jours. Mon releveur commence à dégonfler après quatre jours.

 Le parcours est  dantesque, d'une beauté exceptionnelle ;  moins hostile qu'à la Réunion, donc on va plus vite. Je pense que je peux faire deux heures de mieux en partant plus vite et en utilisant des bâtons (90 % en ont). Je suis tout de même satisfait. Je continue ma quête vers toutes les courses extrêmes à travers le monde. Je ne connaîs toujours pas les affres de l'abandon….Pourvu que ça dure.

 

 

 Remerciements : Merci une fois de plus à ma chérie pour ….tout.

 

Merci à ma famille et belle famille pour leur énorme soutient (et leur cadeau d'anniversaire).

Merci à tous ceux qui m'ont soutenu par texto, mail, journaux…

Merci à Jean-Pascal pour m'avoir accepté dans sa chambre et tout et tout...

Merci Gilles et JP pour m'avoir établi une stratégie de course payante. Merci aussi à Gilles et ses amis pour m'avoir permis de squatter leurs chambres d'hôtel.

Enfin, merci à Didier et Christophe pour cette dernière nuit inoubliable.

 


18/11/2009
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